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“Je suis passionnée par la possibilité de contribuer à l’amélioration des moyens de subsistance, que ce soit en favorisant la création d’emplois, en encourageant l’entrepreneuriat ou en développant l’agriculture. Il s’agit d’un moyen essentiel pour permettre aux populations d’acquérir leur autonomie en accédant à des ressources, en investissant dans leur propre développement et en faisant valoir leurs opinions. Notre expérience de travail avec DigiFarm a facilité l’utilisation des outils agricoles numériques, ce qui a permis aux femmes d’augmenter leurs revenus. Une des bénéficiaires du projet a confié que son mari était désormais désireux d’apprendre d’elle, ce qui témoigne du respect et des progrès accomplis. Il ne s’agit pas seulement de moyens de subsistance, mais aussi de l’autonomie qui en découle.”
Naoko Koyama est associée chez Dalberg Advisors et co-dirige notre domaine d’intervention spécialisé sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle est basée au bureau de Johannesburg. Au cours de ses 13 années chez Dalberg, son travail a englobé plusieurs sujets, notamment l’agriculture, l’énergie et l’inclusion financière. Dans le cadre de l’un de ses projets les plus passionnants, elle a conseillé DigiFarm, une plateforme numérique multipartenaires, sur la manière d’améliorer l’accès des agriculteurs aux services financiers numériques, aux intrants, aux marchés et aux services de vulgarisation. Cette mission a permis à plusieurs agricultrices d’augmenter leurs revenus et de consolider leurs moyens de subsistance. Un autre de ses projets a permis la mise en relation des producteurs de coton en Zambie aux plus grandes entreprises mondiales du secteur du vêtement et à leurs clients.
Le parcours académique et professionnel de Naoko s’étend sur plus de 25 années et trois continents : l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du Nord. Elle parle couramment l’anglais, le français et le japonais, lui permettant d’apporter une combinaison unique de perspectives globales et de mise en œuvre locales dans le cadre de son travail. Dans cette interview, Naoko partage ce qui la passionne dans son rôle chez Dalberg Advisors et évoque les opportunités uniques qu’offre la région Afrique.
Dès son arrivée au sein du cabinet, en 2010, au bureau de Nairobi, Naoko a participé au développement de divers domaines d’expertise, dans différentes régions et avec des équipes diverses. Avec le temps, elle a compris que l’adoption d’une approche participative et la mise en avant des voix locales sont les facteurs determinants et durables pour la réussite des acteurs du développement dans la région. Elle évoque également les influences personnelles et professionnelles qui l’ont poussée à quitter sa carrière dans la banque et le conseil en secteur privé pour s’investir dans le domaine de l’impact économique et social. Elle nous partage également ce qu’elle estime être le “petit plus” des offres de Dalberg.
En tant que co-directrice de l’activité dédiée à l’égalité entre les femmes et les hommes de Dalberg depuis environ quatre ans, quelle tendance ou évolution récente dans le domaine de l’égalité des sexes trouvez-vous particulièrement prometteuse ou préoccupante, et pourquoi ?
Il y a une pression croissante pour aller au-delà de la simple compréhension des écarts ou des inégalités de genre, pour comprendre pourquoi ils se forment en premier lieu et continuent de persister en second lieu, notamment au travers de la compréhension des dynamiques de pouvoir, de normes socioculturelles et des facteurs comportementaux. Nous travaillons de plus en plus sur cette question avec de nombreux clients, tels que la Fondation Bill & Melinda Gates (BMGF), le Groupe Consultatif d’Assistance aux plus Pauvres (CGAP) et La Fondation du Fonds d’investissement pour l’enfance (CIFF), pour comprendre les intersections de ces problèmes systémiques et mettre au point des interventions sur l’accès aux ressources, leur utilisation et leurs impacts. Cette tendance est alignée avec la mission réaffirmée de Dalberg d’examiner les écarts structurels profonds et les dynamiques de pouvoir qui à la fois causent et perpétuent l’inégalité entre les sexes.
Vous avez travaillé dans le secteur bancaire et le conseil au secteur privé durant les premières années de votre carrière. Passer à l’impact social a dû être un grand changement. Quelles influences personnelles et professionnelles vous ont poussées à entreprendre cette aventure ?
Bien qu’ayant grandi au Japon, j’ai été éduquée dans une famille qui m’a inculqué un sentiment d’égalité des sexes dès mon plus jeune âge. J’avais la même liberté et mobilité que mon frère durant mes études. De ma province, j’ai pu aller étudier à Tokyo, tandis que mes amies n’ont pas eu l’opportunité d’aller à l’université sans trouver une option à proximité. Cela m’a permis de prendre conscience que le monde est construit de manière inégale. Plus tard, j’ai développé une compréhension encore plus aiguë de l’inégalité et de l’injustice du monde, des taux de pauvretés et famines disproportionnés, me donnant la conviction de devoir agir pour avoir un impact positif dans le monde.
Pendant les premières années de ma carrière, j’ai travaillé dans la banque et le conseil, et j’ai progressivement commencé à réaliser que je voulais transférer mes compétences au secteur du développement. Cependant, je ne voulais pas paraître arrogante et supposer que, simplement parce que je possède un diplôme universitaire et une expérience dans le privé au Japon et aux USA, je disposais de quelque chose de précieux à apporter. J’avais la conviction d’avoir besoin d’une formation supplémentaire pour m’exposer aux meilleurs théoriciens et professionnels du développement, raison pour laquelle j’ai suivi un master en administration publique et développement international à l’Université de Harvard. Après mon master, j’ai déménagé à Washington DC ; mon partenaire et moi avions un nouveau-né, et c’était une année d’instabilité financière. J’ai obtenu un contrat à court terme à la Société financière internationale (IFC). Mais nous voulions tous les deux être sur le terrain pour mieux comprendre, mieux agir.
Il existe une énorme barrière entre le secteur privé et le secteur du développement, et je ne savais pas comment effectuer cette transition. A ce niveau particulièrement, la transition était un défi. J’étais une généraliste qui voulait mettre à profit ses compétences pour avoir un impact, et Dalberg l’a reconnu. J’ai été la première manager au bureau de Dalberg de Nairobi. Mon premier projet consistait à élaborer une stratégie de développement commercial pour une entreprise pétrolière et gazière souhaitant distribuer du gaz de pétrole liquéfié (GPL) aux habitants des quartiers pauvres de Nairobi, et je pouvais dialoguer avec les clients qui mettraient en œuvre nos recommandations et avec les communautés qui seraient impactées par ce changement. Être proche d’eux, être sur le terrain avec les gens, le voir et le ressentir est crucial. L’approche de terrain, alliée à la théorie et l’analyse documentaire nous ont aidés à formuler des approches pour rendre le GPL, qui était a priori plus cher que le charbon de bois ou les carburants à base de kérosène, abordable. J’ai compris que pour avoir un impact, vous devez passer suffisamment de temps sur le terrain.
Grâce au travail de Dalberg à Nairobi et dans toute l’Afrique, quelles sont certaines des opportunités uniques que vous avez rencontrées en travaillant dans le domaine de l’impact ?
A travers mon travail avec aussi bien avec le secteur privé que publique, j’ai rencontré des personnes passionnées par l’impact que leur entreprise pouvait avoir. Pour elles, la famille, la communauté et les amis, sont très importants. Bien que le compte de résultat financier et la rentabilité soient leurs objectifs, elles sont tout aussi passionnées et innovantes lorsqu’il s’agit de créer un impact.
DigiFarm, une plateforme numérique qui propose des services aux agriculteurs, est un client avec lequel j’ai particulièrement apprécié collaborer. Il s’agissait d’une collaboration pluriannuelle avec nos partenaires du programme Mercy Corps Agrifin, et soutenue par des personnes profondément investies par la réalité et la qualité de leur impact. Nous avons commencé par le prototypage de produits via un processus de conception centré sur l’opérateur humain (l’utilisateur final informe le développement du produit) et dirigé par Dalberg Design. Ensuite, j’ai dirigé l’équipe pour identifier de meilleurs partenaires pour DigiFarm et développer un modèle économique. Dalberg Advisors et Dalberg Design ont travaillé ensemble pour faciliter la création de partenariats et le lancement initial du produit, et ont continué à fournir le soutien nécessaire. Dalberg Research a également joué un rôle dans le suivi, l’évaluation et l’apprentissage (MEL) pour améliorer le produit DigiFarm. C’était vraiment inspirant de voir tous le monde aller sur le terrain pour discuter avec les agriculteurs et les commerçants, contrairement à leurs habitudes de rester dans un bureau climatisé à Nairobi. L’équipe de Safaricom, hébergeant les plateformes DigiFarm et Mercy Corps AgriFin, nous a également accompagnés lors de plusieurs visites sur le terrain et a appris à nos côtés sur le terrain.
Votre parcours académique et professionnelle couvre trois continents – l’Asie, l’Amérique et l’Afrique. En quoi les affaires et les projets en Afrique sont-ils uniques ?
La simple disponibilité des données reste un défi et, dans le cas où elles sont disponibles, elles sont souvent obsolètes ou partielles. Ainsi, nous ne pouvons pas simplement collecter des données à partir de nos recherches documentaires et les analyser ; il faut commencer par une recherche approfondie sur le terrain. Cela est particulièrement vrai pour les analyses axées sur les clients à faible revenus et des clients à revenus intermédiaires, qui ont tendance à être regroupés dans une même catégorie de « non desservis » ou « mal desservis », mais leurs besoins, les obstacles qu’ils rencontrent et leurs aspirations sont très divers. La création de produits qui sont adoptés nécessite une compréhension plus approfondie de ces clients. En ce sens, les travaux de Dalberg Research et de Dalberg Design complètent le travail de Dalberg Advisors pour répondre au besoin d’obtenir de meilleures données, qui est crucial partout, mais d’autant plus en Afrique. Dalberg Data Insights joue également un rôle important pour nous aider à accéder et à utiliser des données qui ne proviennent pas nécessairement de la recherche et qui peuvent guider la prise de décisions politiques ou commerciales, comme les données des opérateurs de réseaux mobiles, par exemple.
De même, il existe un grand besoin de renforcement des capacités et de mobilisation des partenaires pour la mise en œuvre ou l’exécution. En Europe, aux États-Unis ou au Japon, les clients sont aptes à implémenter les recommandations une fois que nous avons formulé nos conseils sur un projet. En Afrique, cependant, les organisations ont besoin d’un soutien supplémentaire pour donner vie à leur stratégie, et c’est là qu’intervient Dalberg Implement. Notre savoir-faire dans la mobilisation de l’expertise et des compétences des différentes entités du groupe Dalberg, au fur et à mesure de l’évolution des besoins du client, est « l’ingrédient secret » et l’atout différenciant des offres de Dalberg.
Quel est le conseil le plus important que vous ayez à donner aux clients souhaitant ce développer en Afrique ?
L’Afrique et sa population doivent avoir la capacité d’investir et de co-investir avec les partenaires qui souhaitent accroître leur impact dans la région. En Afrique, les gouvernements jouent un rôle important dans l’économie de la région. En tant qu’investisseur privé, vous devez être en mesure de collaborer avec ces gouvernements de manière significative pour assurer un investissement à long terme. Il ne s’agit pas uniquement de son entrée et de son maintien sur le marché, mais plutôt de la création et de l’extension du marché lui-même. Et vous y parvenez en responsabilisant les personnes sur le terrain, en les enrichissant et en créant des communautés viables et résilientes.
Mon conseil aux grandes enseignes de négoce japonaises de premier plan, par exemple, est que si vous n’adoptez pas cette mentalité, vous ne réussirez pas en Afrique. En tant qu’entreprise, vous ne pouvez pas penser uniquement au résultat financier. Si vous pensez à la fois au résultat financier et à l’impact, il y aura progrès. Nous avons travaillé avec des réseaux mobiles et des banques ; ce sont les entreprises locales qui doivent travailler à augmenter le pouvoir d’achat de leurs clients, pour augmenter leur parts de marché et développer leur clientèle.
Les entreprises doivent adopter une approche ascendante depuis la base. Lorsque vous servez les petits exploitants agricoles, vous ne devez pas être axés uniquement sur les intrants agricoles. Vous devez tenir compte des dépenses pour l’éducation des enfants des agriculteurs ou pour les urgences médicales. Vous devez réfléchir à la manière d’impliquer les gens pour les aider à améliorer leur qualité de vie. Vous devez entreprendre des recherches pour mieux comprendre les besoins des agriculteurs, les facteurs de succès et les facteurs d’échec. Cela servira à développer des archétypes et des prototypes, à identifier des partenaires potentiels à impliquer, à mettre en relation les grandes entreprises avec les start-ups, et à développer des modèles financiers.
Dalberg a été l’une des premières sociétés de conseil à s’engager à adopter une approche axée sur le genre dans l’ensemble de ses projets. Quel rôle les organisations telles que Dalberg peuvent-elles jouer dans la promotion de l’égalité des sexes ?
Dans nos récents travaux, nous travaillons à créer un espace dans lequel il ne s’agit pas de donner quelque chose aux femmes, mais de s’attaquer aux dynamiques de pouvoir et aux inégalités structurelles qui placent les femmes dans des situations de manque ou de désavantage dès le départ. Souvent, les femmes sont désignées en tant que groupe vulnérable et traitées comme des victimes. Nous devons changer ce paradigme, en favorisant la perception des femmes comme des agents du changement capables de contribuer à la rentabilité et d’être agent du changement pour les autres. Il s’agit d’une problématique sur laquelle nous travaillons activement. Je co-dirige l’initiative du cabinet Dalberg visant à intégrer une perspective de genre dans tous les projets clients que nous réalisons, que l’objectif principal du projet soit ou non lié à l’égalité des sexes.
Dans le cadre d’un projet en cours, financé par la Fondation Bill et Melinda Gates, nous travaillons en collaboration avec le Groupe consultatif d’assistance aux pauvres (Consultative Group to Assist the Poor CGAP) et la Banque Mondiale pour faciliter l’accès et l’utilisation des instruments financiers et des outils numériques aux femmes en milieu rural. Dans le cadre de ce chantier titanesque, nous avons conçu des produits et des services adaptés aux femmes. Nous n’en sommes qu’au début. Nous réfléchissons également aux modèles de gouvernance et aux procédures qui peuvent être mis en place, de sorte que les organisations créent automatiquement des services inclusifs s’agissant du genre. Cette approche inclut, par exemple, le fait que les femmes aient une plus grande voix au sein des gouvernements, de sorte que les processus soient conçus avec une perspective de genre. Il s’agit du type de changement auquel nous aspirons. Il ne s’agit pas uniquement d’atteindre les femmes avec des produits et des services ; mais d’accroître la participation des femmes à la prise de décision. Nous travaillons également sur les causes profondes de l’inégalité entre les sexes, qui se résument aux différences de pouvoir entre les personnes de différents sexes et à notre tolérance collective de ces différences, de leurs origines et de leurs impacts. Par exemple, le travail que nous avons réalisé dans le cadre de l’Initiative Spotlight met l’accent sur l’impératif pour les bailleurs de fonds et les gouvernements d’investir dans la lutte contre la violence sexiste.
Comment vos expériences personnelles uniques ont-elles contribué à la valorisation de la diversité au sein de Dalberg et dans vos interactions avec les clients et les collègues ?
Je suis une grande introvertie, une mère, et je ne suis pas anglophone de naissance. Il s’agit des aspects de ma vie qui entraient en collision avec ma vie professionnelle et ma manière d’aborder le travail. Lorsque j’ai rejoint Dalberg, la majorité du personnel était extravertie et anglophone. Cette situation a été un défi, mais je suis reconnaissante que le cabinet m’ait valorisée. Depuis, nous avons évolué vers une entreprise diversifiée sur le plan ethnique, démographique, de personnalité et de compétences. La majorité de nos nouvelles recrues sont des personnes introverties. C’est un défi de travailler ensemble, mais c’est ce qui nous rend meilleurs. Nous sommes une entreprise qui agit différemment. Cela nous a également permis, en tant qu’équipe de direction, de diriger des personnes et d’impliquer des clients qui sont diversifiés. C’est très important pour moi.