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Cet article a initialement été publié dans l’édition du 25 mai 2019 de Jeune Afrique. Vous pouvez consulter l’article original ici.
La récente levée de fonds de 100 millions de dollars par la startup Andela montre que les financiers internationaux sont à la recherche de la prochaine licorne africaine. Les entrepreneurs du continent ont inspiré la création de nombreux accélérateurs, pôles d’innovation et fonds de capital-risque visant à identifier les talents et développer des startups à forte croissance. Cependant ces entreprises, tout en contribuant à la croissance économique globale, ne suffiront pas à créer un volume d’emplois capable d’absorber la croissance rapide de la population africaine.
Dans des pays comme le Sénégal, moins de 15 % de la population en âge de travailler occupe un emploi formel. Seuls 31 % des 100 000 nouveaux diplômés qui arrivent chaque année sur le marché du travail trouvent un emploi. En outre, plus de 80 % du secteur privé est composé d’entreprises individuelles. Les startups, même devenues des licornes, ne parviendront pas à résoudre le dilemme du sous-emploi. L’entrepreneuriat de masse peut en revanche créer des emplois pour le plus grand nombre.
L’entrepreneuriat de masse fait référence aux millions d’entreprises locales qui utilisent des intrants nationaux et répondent aux besoins des communautés locales. Il s’agit d’entreprises à taille humaine (comme les boulangeries, les petites entreprises agroalimentaires et les villages artisanaux) qui ne seront jamais cotées en bourse, mais qui embauchent ou augmentent le revenu de 5 à 20 personnes. Ce type d’entreprise est à multiplier si l’on veut parvenir à employer les 29 millions de jeunes qui rejoignent chaque année la population active en Afrique subsaharienne.
Cependant, pour vraiment prospérer, l’entrepreneuriat de masse a besoin d’outils politiques, financiers et commerciaux permettant de faciliter l’auto-emploi, et d’accélérer la croissance des petites et moyennes entreprises. C’est l’objectif poursuivi au Sénégal par le Cabinet de conseil Dalberg qui s’efforce de développer le concept d’entrepreneuriat de masse comme moteur de l’économie, en s’associant à des institutions telles que la Délégation Générale à l’Entrepreneuriat Rapide des femmes et des jeunes (DER). La DER fournit aux entrepreneurs une gamme intégrée de services financiers et de développement commercial adaptés aux secteurs à fort potentiel économique et d’emploi. Le programme phare de la DER cible simultanément différents acteurs de la chaîne de valeur, conduisant au développement et à l’amélioration des liens avec les marchés nationaux. De telles pratiques pourraient fournir le cadre permettant aux citoyens de devenir des entrepreneurs créateurs d’emplois.
Les politiques et programmes de soutien à l’entrepreneuriat de masse peuvent entraîner des changements positifs. En Chine, des politiques ont été mises en œuvre pour promouvoir l’innovation, le respect de la propriété intellectuelle et la levée de fonds – ce qui a permis l’enregistrement officiel de 13 millions de nouvelles entreprises entre 2014 et 2017. En Inde, les politiques se sont concentrées sur le changement de mentalité et l’éducation, mais également sur la création d’un environnement fiscal favorable – l’objectif étant de créer 50 millions d’emplois à l’horizon 2030.
Les startups apportent du dynamisme et certaines nouvelles plateformes d’entreprises peuvent même – comme dans les villages chinois de Taobao qui approvisionnent le monde avec Alibaba – faciliter l’essor de l’entrepreneuriat de masse. Mais en fin de compte, les emplois futurs des jeunes Africains seront fournis par des entrepreneurs de masse à ancrage local – accordons-leur l’attention qu’ils méritent.
Madji Sock est Associée et directrice de la région Afrique de l’Ouest de Dalberg Advisors.